Contexte et audition

Pour chaque séquence, essayez de décider :
Avez-vous entendu la hauteur des sons monter ou descendre entre les deux derniers sons de la séquence ?

Qu'avez vous entendu ?

La plupart des gens entendent la hauteur monter à la fin de la Séquence A, et descendre à la fin de la Séquence B.
Êtes-vous d'accord ?

Qu'est-ce qui a été joué ?

En fait, les deux derniers sons de la Séquence A sont identiques aux deux derniers sons de la Séquence B.
La seule chose qui change entre les séquences, ce sont les petites mélodies qui les précèdent, le contexte.

Ne nous croyez pas sur parole : servez-vous des contrôles ci-dessus pour n'écouter que les deux derniers sons de chaque séquence (sans jouer aucune note des mélodies de contexte). Vous entendrez qu'ils sont vraiment les mêmes dans les deux cas.

En savoir plus ?

Nous pensons que cette "illusion" révèle de puissants effets de contexte en audition, qui pourraient peut-être expliquer pourquoi les auditeurs humains sont aussi bons pour comprendre les scènes auditives naturelles, malgré leur grande complexité.

En quelques mots, chaque fois que vous entendez deux sons l'un après l'autre (des sons de parole dans une phrase, des notes de musique dans une mélodie), vous devez les lier entre eux pour savoir si, par exemple, la hauteur a monté ou non. Dans nos examples, nous avons conçu une situation parfaitement équilibrée: il y avait autant d'indices pour une transition "vers le haut" que "vers le bas" entre les deux derniers sons. Ce qu'a fait le contexte, c'est de suggérer un liage favorisant certaines de ces transitions - en fait le liage qui minimise les changements acoustiques au cours du temps (après tout, les vrais sons ont tendance à évoluer de façon progressive au cours du temps).

Ce n'est qu'une petite partie l'histoire ! Pour de nombreuses données comportementales, de l'imagerie cérébrale, et un modèle probabiliste expliquant pourquoi tout ceci pourrait être important pour les sons de tous les jours, voyez : 'Prior context in audition informs binding and shapes simple features', par Claire Chambers, Sahar Akram, Vincent Adam, Claire Pelofi, Maneesh Sahani, Shihab Shamma, and Daniel Pressnitzer, Nature Communications, 2017.

Ce travail a été réalisé au Laboratoire des Systèmes Perceptifs (CNRS & Ecole normale supérieure, PSL, Paris), en collaboration avec U. Maryland (USA) et le Gatsby Unit, UCL, London.

Attendez, cela n'a pas marché pour moi...

Nous avons observé que l'illusion était extrêmement robuste, dans une série d'expériences psychophysiques en laboratoire et en ligne impliquant plus de 150 participants. Mais, de façon intéressante, nous avons aussi parfois observé de fort biais dans une direction donnée, en fonction des auditeurs et des détails acoustiques des sons. Peut-être que l'exemple ci-dessus était fortement biasé pour vous oreilles ? Essayez alors ceux-ci.

Website par Daniel Pressnitzer (daniel.pressnitzer at ens.fr)